Appel à communications

L’urgence écologique est en train de bouleverser le monde de l’architecture en imposant une remise en cause profonde des méthodes de conception et de construction qui se sont développées tout au long du XXème siècle. Les réflexions modernes et post-modernes ont été élaborées parallèlement au développement de l’industrie et de la technologie dans un monde difficilement perçu comme fini. L’essor du béton et du métal, la construction continuelle des villes nouvelles, et la croyance que l’énergie et la croissance pouvaient être illimitées ont conduit à fabriquer une série de signes et de langages architecturaux qui ont incarné le XXème siècle.

Aujourd’hui, plus qu’à un tournant de l’histoire, nous vivons un changement de paradigme. D’un côté, la finitude des ressources physiques et énergétiques nous conduit à une logique de décroissance, de sobriété, de constructions à faible impact. Alors même que l’augmentation de la population mondiale constitue un défi à la décroissance et vient également interroger nos modèles.

Ce constat nous amène à questionner la manière dont cette situation impacte la production de l’architecture et l’élaboration de ses dispositifs. L’écologie, si elle est en train de transformer les formes architecturales, peut être un puissant levier d’innovation formelle et de recherche de nouveaux langages.

Dans cette perspective, nous souhaitons que le colloque puisse contribuer à développer la réflexion selon trois axes principaux :

• LA MATIÈRE _ Le retour sur le devant de la scène de matériaux oubliés du XXème siècle, tels que le bois ou la terre, nous oblige à questionner le langage architectural que nous pouvons développer avec ces matériaux. Comment requestionner les formes et les espaces de notre modernité, en s’emparant des caractéristiques physiques de ces matériaux ? Comment les adapter aux besoins et nécessités d’aujourd’hui ? Comment fabriquer de nouvelles formes sans se limiter à la reproduction formelle de l’architecture vernaculaire.

• LE CLIMAT _ L’optimisation des sources de consommation d’énergie dans le bâtiment nous conduit également à interroger les morphologies bâties. Leur orientation, les volumes intérieurs et leur disposition, les types distributifs sont autant de pistes à explorer. Mais la question de l’enveloppe et du statut que nous souhaitons lui donner sera également questionnée dans la mesure où elle est un des principaux leviers de l’optimisation énergétique et de la limitation des déperditions thermiques. Nous pourrons évoquer ici la notion de surface couvrante de Semper¹, le textile,…
  
  
• LA RÉUTILISATION _ La logique de ne démolir aucune construction quelle que soit sa valeur patrimoniale, car elle est en soi une source d’énergie déjà consommée, nous impose aussi un questionnement sur la manière dont nous devons établir une relation avec le déjà-là pour l’adapter aux usages et aux exigences techniques d’aujourd’hui². Ce déjà-là représente une source majeure de projet et de fabrication de l’espace de notre temps, entre permanence et évolutivité.

Comme toile de fond de ces discussions, nous aborderons la notion d’usage, la relation entre l’usage et la forme, ainsi que la notion de forme en elle-même. Pour cela pourront être convoquées des approches différentes de la notion de forme, allant du concept de forme comme « définition des règles qui gouvernent la relation entre éléments » ³ faisant allusion à la définition que Moneo formalise à partir des travaux de Rossi ; la forme comme un reflet de « l’austérité, la rigueur et la pensée fondamentale de l’art minimal et de l’art conceptuel, la représentation (quasiment) abstraite de l’effet des corps stéréométriques dans l’espace »⁴ évoqué par Zumthor, ou encore la forme comme transposition directe de son « idée constructive »⁵. 

Cet appel à communications veut intéresser les architectes, ingénieurs, enseignants, chercheurs et praticiens. Les communications pourront prendre deux formats différents : 

• Communication « recherche – fondamentale » : communications présentant des recherches autour des questions et des problématiques exposées dans l’appel à communication, qui mettent en perspective des théories, des approches et des ouvrages.

• Communication « recherche par le projet » : Communications où le chercheur ou le praticien analyse une ou plusieurs œuvres architecturales (propres ou de quelqu’un d’autre). Il ne s’agit pas ici de présentations de projet dites explicatives mais de réflexions théoriques autour de l’ouvrage présenté. Ces communications devront être soutenues par des écrits théoriques et devront servir à expliciter la question posée par le biais du projet présenté.

Les réponses à l’appel à communications sont à envoyer avant le 15/03/2024 

PROLONGATION JUSQU'AU 15/04/2024

Chaque réponse comportera :
- Une proposition de 3 000 signes maximum (espaces compris) en français, comportant un titre provisoire et la mention de l’axe choisi ;
- Une courte bibliographie indicative ;
- Une biographie des auteur·e·s de 500 signes maximum.

Les propositions seront expertisées par le comité scientifique et les réponses seront communiquées aux chercheur·e·s en juin 2024.

Les chercheur·e·s sélectionné·e·s seront invité·e·s à rendre leur communication au mois de septembre 2024.

Faire parvenir les communications à :
laetitia.bouvier@rennes.archi.fr
margot.cordier@rennes.archi.fr
miquel.peiro@rennes.archi.fr

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[1] Semper, Gotfried. Du style et de l'architecture : Ecrits, 1834-1869. Editions Parenthèses. 2007.
[2] Grup de Recerca Habitar-UPC, Re-habitar en 9 episodios. Ministerio de Vivienda. 2010
[3] Gonzalez de Canales, Francisco ; Ray Nicholas dans l’ouvrage “Rafael Moneo. Building, Teaching, Writing”. P.219 Yale Université Press. 2015
[4] Citation de Zumthor, P. dans son article « Eine Anschauung de Dinge » extraites de l’article Curien. E. « Les leçons de la forme. Façades et enveloppes dans l’architecture suisse alémanique depuis les années 1980 » Revue Histoire de l’Art. Dossier « L’art de la façade ». 2013
[5] Prouvé, Jean, Vadou, Valerie « Jean Prouvé par lui-même » Ed Picard Difusses 2001